Romanesque 2.0, roman paru aux éditions du passager clandestin (cf http://romanesque.fr ) met en scène un logiciel automate romancier qui écrit des romans policiers mettant en scène des crimes dans des gares. Un tel logiciel est il aujourd’hui envisageable ? Si oui, comment fonctionnerait-il et quelles en seraient les limites ?
Comment pourrait fonctionner Romanesque ?
Mettons nous maintenant un instant à la place d’Abdel et essayons d’imaginer comment pourrait fonctionner le logiciel Romanesque 2.0.
Créer un roman, c’est déterminer l’intrigue que l’on veut raconter, décider du scénario et enfin écrire le texte. Dans le cas de Romanesque 2.0, on part déjà du principe qu’il s’agit d’un histoire policière, avec des meutres, plus ou moins liés à des gares. On peut ainsi imaginer que le logiciel fonctionne en plusieurs étapes, partant d’un premier squelette standard : « un mobile pousse un coupable à commettre un crime dans une gare et on va chercher des indices qui permettront de le découvrir ».
A partir d’un fil conducteur de ce type, comment pourra procéder un logiciel pour effectuer les trois étapes citées plus haut ? La première consiste à transformer ce squelette caricatural en un scénario spécifique. Pour cela, l’humain qui va utiliser le logiciel entrera des paramètres (c’est ce qui se passe avec Pierre dans la scène 1 du roman) : quel est le mobile, qui est le coupable, quels sont les indices et comment va-t-on les découvrir, nature de l’intrigue, nombre de meurtres, caractéristiques des personnages principaux et le logiciel va adapter le squelette pour qu’il tienne compte des spécificités voulues par l’humain. A la fin de cette première étape, l’ordinateur a produit une chronologie des faits, c’est à dire qu’il a en mémoire un agenda des événements qui servent d’intrigue, sous la forme d’un tableau de données.
La deuxième étape sera celle de la production du scénario, c’est-à-dire celle de la détermination détailée de la narration et le découpage. Elle est liée au choix d’un narrateur et d’un type de récit. « je » raconte l’histoire ou au contraire, le narrateur est partout et tout le temps là (narrateur omnipotant et omnisciant). Le récit est chrnologique ou au contraire, il autorise les flash back… Il est instropectif par un des personnages (le meutrier, l’enquêteur, son comparse, un animal domestique, un perroquet). Une fois ces choix faits, le logiciels peut proposer un sysnopsis détaillé, c’est-à-dire un découpage en scènes succéssives, précisant les personnages en jeu à chaque fois.
Enfin, la troisième étape sera celle de l’écriture à proporement parler du texte. Le logiciel devra passer de ce découpage des actions et du sens à la production de paragraphes composés de phrases. Il devra choisir des mots et des formes syntaxiques pour ce faire. Le mécanisme peut être assez simple. Scène par scène, il s’agit de passer d’une description schématique de ce qui doit se passer à un ensemble de propositions textuelles dont la lecture permet de se représenter l’action prévue, tout en suscitant si possible des émotions.
Quels seraient les problèmes pour développer un tel logiciel ?
A priori, aucune de ces trois étapes ne posent de problème de principe dans un cas comme celui de Romanesque. Pour la première et la deuxième étape, il n’y a pas de difficulté insurmontable à s’appuyer sur un squelette standard pour le modifier en fonction de quelques paramètres donnés par un humain, ni a choisir une narration et à optimiser l’ordre de séquence. En revanche, les intrigues qui seront produites ne seront pas très différentes les unes de autres, ne montrant aucune créativité, mais plutôt des répétitions. De même, la deuxieme étape ne soulève pas de probleme particulier, c’est l’humain qui fait le plus gros du travail en choisissant des lieux, des personnages… Pour la troisième étape, ce qui est complexe, c’est de générer un texte qui ne soit ni « mécanique » ni « désincarné ». Par exemple, si le scénario prévoit une scène d’exposition où sera présenté pour la première fois le personnage d’un flic distrait dont on va apprendre qu’il est amoureux d’un perroquet, on attend de l’écriture littéraire d’autre chose que : « cette scène présente Mr X, un flic qui est amoureux d’un perroquet ». On préférerait quelque chose comme : « Mr X chercha son perroquet toute la nuit. Au petit matin, il le découvrit installé dans le four à micro ondes, heureusement éteint. et fondit en larmes. »
Cet exemple illustre bien que la difficulté des automates littéraires reside dans leur capacité à surprendre le lecteur, voire même l’auteur. A contrario des logiciels personnaliseurs, on attend d’eux qu’ils génère autrechose que du convenu ou du monotone.
De fait, la même difficulté est présent dans la première étape, celle de la créaion de l’intrigue. Dans le cas de Romanesque 2.0 nous acceptons que le point de départ soit toujours un squelette steréotypé. Mais, si ce logiciel existait vraiment et que nous nous retrouvions fréquement à lire des productions dues à Romanesque, nous serions vite saturés d’histoire de crime dans des gares…
Brouillon extrait du texte en cours « Un logiciel bientôt Prix Goncourt ? » destiné à la ré-édition de Romanesque 2.0 à paraître au passager clandestin en octobre 2007. cf :
http://autokteb.org/un-logiciel-bientot-prix-goncourt/